Accueil>Transition sociale / sociétés en transition

Luc VINCENTI,
Transition et processus

Colloque annuel du séminaire de philosophie politique « Penser la transformation ».


Jeudi 24 avril 2014.

Université de Montpellier 3, site Saint Charles.

 

 

Il s’agit d’aborder la transformation sociale à l’aide du concept marxiste de processus, comme totalité en mouvement, totalité constituée par le mouvement qui rapporte ses parties, ou ses éléments, les uns aux autres. L’étude des périodes et modalités de transition d’un mode de société à un autre montre que l’articulation des ces « éléments » est la condition de la transformation sociale, objet de son étude et de l’action transformatrice. Marx le souligne lorsqu’il reprend, dans une phrase célèbre du dernier chapitre de livre un du Capital, les acquis de ses réflexions antérieures de 1844, dans Sur la question juive. Le principe, selon lequel les éléments de la nouvelle société sont issus de la dissolution de l’ancienne, est à la fois une réponse et une non-réponse à la question de transformation sociale : une non réponse, puisque la nouvelle formation sociale doit être déjà présente dans les « éléments » de la société nouvelle. Mais il y a aussi une réponse, qui définit le moment de la transition, en posant que les éléments d’une nouvelle formation sociale ne sont vraiment tels que s’ils s’engrènent nécessairement l’un à l’autre pour constituer un processus structurant.

L’analyse du concept de processus comme engrenage nécessaire d’éléments nous permet tout à la fois de revenir sur les analyses historiques des « phases de transition », et d’ouvrir aujourd’hui des perspectives nouvelles sur la transformation sociale, qui ne s’appuie plus seulement sur une révolution politique, mais aussi sur le développement de l’économie solidaire, de l’économie des communs, ou la mise à jour de formes de solidarité étrangères aux modèles économiques dominants.